Le texte qui suit a été publié aujourd'hui dans Le Devoir. Vous pouvez le consulter ici.
Paru le jeudi, 27 mars 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com
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Nous avons beau être en 2008, et penser que la science, nos beaux hôpitaux modernes et nos très nombreuses connaissances scientifiques viendront à bout de n’importe quelle menace pandémique, le fait est que nous sommes terriblement vulnérables à n’importe quel nouveau virus émergeant, et malheureusement moins bien équipés pour traverser une pandémie que ne le furent nos grands-parents, du temps par exemple de la pandémie de grippe espagnole de 1918-1919. À cette époque, la majorité de la population était encore agraire, donc autosuffisante. Une pandémie aura des répercussions considérables sur toutes les sphères de notre société, y compris sur l’approvisionnement en denrées alimentaires, le transport, et l’économie mondiale.
Planifier en conséquence est donc tout à fait approprié, et nous pouvons être reconnaissants d’être la première génération de l’humanité à avoir la chance de pouvoir nous préparer à une future pandémie, d’avoir cette possibilité de la voir venir, plutôt que d’avoir à tout subir sans même prendre le temps nécessaire pour mettre en place certains dispositifs et mesures d’urgence. Utilisons donc ce temps précieux de façon à ne pas avoir à le regretter lorsque nous aurons les deux pieds dans le bain d’une pandémie. Et elle arrivera, cette pandémie. Elle se déclenchera…
Il y a de nombreuses problématiques mondiales associées à la question d’une pandémie, et bien entendu, on peut s’attendre à ce que des enjeux de pouvoir et de gains personnel, de corruption et de lutte entre nations, viennent brouiller les cartes et nous confondre. C’est ainsi que vont les choses depuis que le monde est monde. Comment en serait-il autrement pour l’un des plus grands défis qui pourrait nous terrasser? Certains ont certainement trouvé leur compte dans la course à la fabrication d’antiviraux et de vaccins pandémiques. Mais là n’est pas la question. Il faut bien que l’humanité se munisse d’une quelconque et éventuelle arme contre ces virus superpuissants qui emporteront des millions de vies. Certains cherchent donc de ce côté, et espérons que de ces travaux d’émérites scientifiques émergeront des outils qui permettront soit de retarder la marche destructrice de la prochaine souche pandémique, ou mieux encore, d’immuniser la population mondiale. Le danger est de déposer tous nos œufs dans le même panier, et de penser que la pandémie ne se déclenchera pas tant que nous ne serons pas prêts. Nous pourrions être pris de court par le virus H5N1, qui essaie actuellement toutes les combinaisons possibles afin de découvrir la bonne, celle qui lui permettra de mettre la main sur l’humanité.
Ne perdons surtout pas de vue que la fabrication d’un vaccin pandémique prendra des mois, peut être même l’équivalent d’une année à être produit, en contexte de pandémie, en raison de l’absentéisme de la main-d’œuvre dû à la maladie. Il y a aussi une autre problématique associée aux vaccins, celle de la capacité mondiale de production, qui n’est actuellement que de quelque 565 millions de doses annuelles, pour une population mondiale de plus de 6 milliards d’humains, qui auront probablement besoin de 2 doses pour être immunisés contre un virus tel que le H5N1. Qui nous dit que nous serons capables de fabriquer un vaccin, avec un virus qui s’est développé en plus de 10 sous-clades différentes au cours des dernières années? Prenez le VIH par exemple. Après toutes ces années, nous n’avons toujours pas encore réussi à produire un vaccin efficace contre cette PANDÉMIE. Alors que feront les populations humaines pendant tous ces mois, complètement désarmées sous la menace d’un virus mortel?
Il existe d’autres armes beaucoup moins coûteuses que les antiviraux, qui pourraient être plus efficaces si elles étaient déployées contre une pandémie: les interventions non pharmaceutiques. Je parle ici de distanciation sociale, du lavage fréquent des mains, de se couvrir la bouche en toussant et en éternuant, de la fermeture des écoles et des garderies, des masques, gants et autres barrières, de l’isolement des personnes infectées, et de la quarantaine volontaire des personnes exposées.
Les plans de lutte ne portent pas suffisamment attention à ces seules choses qui pourront être contrôlées par les gens pendant une pandémie, ces chose-là qui nous ont été enseignées par nos mères. Alors, se préparer à une pandémie n’a rien à voir avec la peur. Il faudra énormément de courage et de combativité pour traverser une pandémie. Le problème, dans tout cela, est que les citoyens n’ont pas encore été suffisamment impliqués dans le processus des préparatifs pandémiques. Mais tout peut encore changer. Heureusement, il existe des individus, qui par leur implication dans la sphère du flublogia, ont constitué un réseau d’entraide, comme par exemple les membres de sites d’observateurs de grippe aviaire tels que Zonegrippeaviaire.com, FluWiki.com et FluTrackers.com. Ces gens de partout dans le monde nous informent sur ce qui se passe d’heure en heure sur la planète à propos de la grippe aviaire et d’autres virus candidats potentiels à une pandémie. Ces sites invitent les citoyens à se prendre en main et à réfléchir collectivement aux problématiques entourant une pandémie. Et elles sont nombreuses, complexes, mondiales, urgentes, ces problématiques. Joignons-nous à eux dans ce processus de «sagesse des foules», et renfonçons ainsi l’autonomie des citoyens face à une pandémie.
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