Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Même les péchés se modernisent et se mondialisent

Paru le 11 mars 2008 dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Photo source. AP/Osservatore Romano/HO

En lisant distraitement le journal ce midi, je suis tombée sur un article qui annonçait que la liste des péchés avait été mise à jour par le Vatican. Vous m’en direz tant. La nouvelle m’a fait sourire, car c’était bien la dernière chose que j’aurais cru qui aurait pu être mise à jour! Le pape étant infaillible m’a-t-on répété sans relâche quand j’étais enfant, alors il ne faut surtout pas se poser de questions à ce sujet.

Une phrase de l’article «Le Vatican modernise la liste des actes considérés comme des péchés», qui présente les "nouvelles formes du péché social", a attiré mon attention:
"Alors que le péché concernait jusqu'à présent plutôt l'individu, aujourd'hui, il a une résonance sociale, en raison de la mondialisation", estime le prélat.
Je ne verse pas tellement dans les histoires de péchés, bien que j’aie assisté à la messe à 6h du matin tous les jours lorsque j’étais pensionnaire à l’école primaire. Une fois par année, j’emmène ma grand-mère faire ses Pâques au Sanctuaire de Cap-de-la-Madeleine, et cette année, au lieu de passer au confessionnal, j’ai griffonné une lettre de présentation de ce site dans le cadre d’une campagne de communication, en attendant ma grand-mère.

Le message que nous lance le Vatican n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde: nous devrions nous préoccuper davantage de notre prochain, nous suggère le Vatican, nous devrions avoir une vision mondiale de nos gestes et des conséquences de nos gestes.

Immédiatement - déformation professionnelle oblige, me direz-vous - j’ai fait le lien avec la grippe aviaire… Les individus qui s’intéressent à la grippe aviaire et à la menace d’une pandémie ont développé, par la force des choses, une vision globale et ils ont acquis une compréhension avancée du principe «nous sommes tous une seule et même chose» (qui est une notion spirituelle, en passant). Une pandémie va frapper tous les coins de la planète et nous sommes tous dans le même bateau.

S’intéresser à la marche du H5N1 nous fait faire virtuellement le tour du monde et nous fait réaliser que nous vivons en réalité sur une bien petite planète, où ce qui s’y déroule – qu’il s’agisse de Hanoï, Jakarta, Hong Kong ou Karachi - pourrait avoir un impact considérable sur nos existences. S’intéresser aux préparatifs en vue d’une pandémie nous amène également à nous interroger sur la résilience des communautés, sur nos propensions à aider les autres en situation d’urgence et de crise et à imaginer jusqu’à quel point nous devrons nous dépasser pour traverser un événement comme par exemple une pandémie avec un taux de mortalité élevé.


Une pandémie transforme une société, j’ai lu ça quelque part. Ce n’est pas uniquement dans le mauvais sens du terme. Les individus qui composent cette société en temps de pandémie seront appelés à sortir de leur routine et à faire appel à des qualités de héros: solidarité, entraide, partage, hospitalité, amour de son prochain, courage, empathie, don de soi, et bien d’autres encore.

Lorsqu'on dit à un enfant "ne fait pas ceci", que se passe-t-il? Il s'empresse de goûter au fruit défendu et de faire exactement ce qu'il lui est interdit. Au lieu de s'attarder sur une liste de péchés, pourquoi ne pas dresser plutôt une liste de qualités?

Comme Patrick Lagadec le dit si bien (une de mes citations préférées, que je ne peux m'empêcher de citer de nouveau):

«Sachons quitter "nos jardins à la française",
avec leurs risques bien domestiqués,
pour les terrains impensables
de l'ignorance et du chaotique.
C'est là que nous trouverons la force
de coeur et d'esprit nécessaires à l'action".

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